Le 18e numéro de PLURAL PLURIEL, revue des cultures de langue portugaise, se présente comme un second volet des POLYPHONIES, inaugurées avec le numéro 17 « voix et récits ». La couverture choisie pour ce numéro 18, due à Daniella Carneiro Libânio de Almada (photographie et design), comme l’était celle du numéro précédent, souligne la proximité de ces deux polyphonies et rend un subtil hommage à l’exposition Avoenga : herança-heráldica, de l’artiste Manuel Dantas Suassuna, visible tout récemment encore au Brasil (Museu Cais do Sertão, Recife).

Le nom du dossier réaffirme la proximité et la différence : Polyphonies Littéraires regroupe en effet des contributions originales de chercheurs sur les littératures de langue portugaise, ouvrant autant que possible la chronologie des œuvres analysées – depuis les ibériques et médiévales Cantigas de Santa Maria jusqu’aux écritures et thématiques du XXIe siècle – et la diversité des contributeurs, puisqu’au sommaire de cette édition figure le nom de Ângela Vaz Leão, doyenne des études médiévales au Brésil et professeur émérite de l’Université Fédérale du Minas Gerais, en confrontant une lecture du sacré, O leite de Santa Maria, à la réflexion proposée par Raísa França Bastos, doctorante à l’Université de Paris-Nanterre, avec la résurgence de l’histoire de Robert le Diable, dans la littérature de cordel brésilienne.

Le voyage, récit et transfert culturel, permet aussi à Charles Roberto Silva d’évoquer Émile Adet et son rôle de passeur entre France et Brésil, au XIXe siècle.

Les quatre contributions suivantes se consacrent à quelques-uns des grands noms qui marquent la littérature brésilienne du XXe siècle, en déployant des lectures originales et érudites des chefs-d’œuvre de João Guimarães Rosa (Tereza Virgínia Ribeiro Barbosa), Clarice Lispector et Hilda Hist (Mirella Márcia Longo Vieira Lima), Ariano Suassuna (Daniella Carneiro Libânio de Almada) et Chico Buarque (Ana Maria Clark Peres).

Deux articles proposent des lectures privilégiant l’écho ou la confrontation des concepts et des représentations afin d’approfondir les effets de contraste entre Graciliano Ramos et Ariano Suassuna (Heurisgleides Sousa Teixeira, Hélio Alexandre da Silva) ou Conceição Evaristo et Ana Maria Gonçalves (Fernando Matias).

Enfin, Lívia Ribeiro Bertges et Vinicius Carvalho Pereira, analysant le lien entre poésie et image, chez Arnaldo Antunes, ou Eduardo Rosal, avec l’évocation de Murilo Mendes, ouvrent ces polyphonies littéraires par des liens intermédiatiques avec le monde de l’art.

La partie TEXTES ET DOCUMENTS, que notre revue propose à ses lecteurs, est ici hypercontemporaine, grâce à l’entretien que Daniel Batista Lima Borges et Laura Maver Borges ont réalisé tout récemment (mai 2018) avec l’écrivain brésilien Julián Fuks.

Enfin, Plural Pluriel n°18 s’enrichit de COMPTES-RENDUS de nos collaborateurs habituels et/ou membres de l’Equipe éditoriale, qui partagent leurs découvertes enthousiastes de lecteurs de Julián Fuks, Raísa França Bastos, Luzimar Gouvêa et de l’anthologie de la poésie érotique brésilienne, organisée par Eliane Robert Moraes. Qu’ils en soient tous remerciés.

Encore une fois, l’Equipe éditoriale a réalisé un magnifique travail de sélection, de réflexion et d’éditoration (avec la participation attentive de Renata Leahy et Rico Soares) et nous saluons, avec joie, le dévouement et la compétence des doctorants et chercheurs qui accompagnent depuis plusieurs années le développement et le renouvellement permanent de notre PLURAL PLURIEL, pour le plaisir de nos lecteurs et la diffusion des cultures de langue portugaise.

La préparation de ce numéro 18 a été marquée par la tristesse et la perte, avec le décès en août 2018 de notre collègue et amie, Sônia Maria van Dijck Lima. Professeure retraitée de l’Université Fédérale de Paraíba, Sônia fut également professeure visitante de Littérature brésilienne à l’Université Paris-Nanterre. Elle a participé, dès son premier numéro, à l’Equipe éditoriale de notre revue avec des articles (consacrés à Hermilo Borba Filho entres autres), la préparation et direction d’un numéro double (consacré à João Guimarães Rosa), et un ensemble de poèmes articulant le mot et la photographie. Collaboratrice discrète, elle était l’une de nos « lecteurs scientifiques » qui donnent, à chaque numéro, la caution précieuse de la relecture attentive et critique de chaque article. Elle fit de son site <http://www.soniavandijck.com/> un « espace consacré à la littérature ».

Abismos
o tempo não conhece pontes
constrói ausências

 

Idelette Muzart – Fonseca dos Santos
Directrice de la publication et responsable de ce numéro

Publiée: 15-11-2018

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