• Femmes et littérature : un siècle d’affirmation et questionnement dans les cultures de langue portugaise
    No 20 (2019)

    Depuis les années 1970, les chercheurs universitaires opèrent un travail de redécouverte de la production littéraire des femmes, problématisant la question de l’écriture féminine, la représentation littéraire du féminin et la circulation et réception de leurs écrits. Ce nouveau numéro de Plural Pluriel, revue des cultures de langue portugaise, est consacré à la relation entre femmes et littérature dans les pays de langue portugaise, interrogeant plus spécifiquement leur oubli ou leur reconnaissance dans le champ littéraire aux XXe et XXIe siècles. De quelle manière cette inclusion modifie-t-elle la notion de valeur littéraire, voire le canon dans son ensemble ? Comment inscrire les femmes dans une histoire de la littérature encore trop souvent fondée sur la stigmatisation ou l’effacement du féminin ? Voici quelques-unes des questions auxquelles les articles de ce dossier visent de répondre.

    Le dossier s’est ainsi constitué sur le plan thématique et chronologique, présentant d’un côté des études tournées vers la construction de l’auctorialité féminine de langue portugaise à partir de questionnements identitaires, politiques et culturels. D’autre part, le dossier propose des études de cas représentatifs de la thématique dans la littérature contemporaine en langue portugaise. Comme il est d’usage, la revue s’enrichit d’une section Documents et de la présentation de deux ouvrages récents, se rapportant tout particulièrement à la thématique de ce numéro.

    Le numéro 20 de Plural Pluriel commence ainsi par une étude de la période située entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe. Rosana Kamita analyse, à partir de la figure pionnière de la brésilienne Mariana Coelho, la manière dont s’imbriquent féminisme et pratique littéraire. Giulia Manera s’intéresse ensuite aux années 1930 et 1940, montrant la vitalité de la production littéraire féminine, au moyen de la définition des best-sellers, des carrières et de la réception d’écrivaines aujourd’hui souvent oubliées. Dans son étude, Natália Guerellus confronte la trajectoire de l’auteure brésilienne Rachel de Queiroz à celle de l’écrivaine portugaise Natália Correia visant à comprendre, dans leurs respectives sociétés et contextes, la construction sociale de leurs auctorialités en ce qui concerne le féminin. L’article de Iara Barroca propose, à son tour et à travers une perspective transnationale et multidisciplinaire, d’analyser la présence d’identités féminines dans la presse en France et au Brésil par l’étude comparée de Françoise Giroud et Lya Luft.

    La deuxième partie du dossier s’ouvre par l’article-essai d’Anabela Rita consacré à l’auteure portugaise Sophia de Mello Breyner Andresen. La chercheuse observe la façon dont Andresen impose son écriture en englobant différents aspects de mémoires à la fois individuelles et collectives. Sur la frontière entre la littérature et les arts plastiques, Andréia Costa présente les multiples relations existantes entre les textes écrits par l’artiste plastique Letícia Parente et son œuvre en format vidéo et en dessins. Costa y dévoile les dimensions du désir et de la subjectivité de l’artiste. Beatriz Vieira développe ensuite une réflexion originale sur la présence-absence et la perplexité de la voix féminine pendant la dictature militaire au Brésil. Elle y étudie notamment les poèmes de Cynthia Dorneles présents dans le recueil Ebulição da Escravatura de 1978. Bárbara Machado avance dans le temps, accompagnant la trajectoire exceptionnelle de l’écrivaine brésilienne Conceição Evaristo. Elle étudie notamment le dialogue de l’écrivaine avec le mouvement noir au Brésil depuis les années 1980, proposant ainsi de penser l'écriture des femmes noires comme une production contre-hégémonique dans le contexte national brésilien. Angélica Amâncio contribue à son tour avec une analyse inédite de l’œuvre d’Ana Paula Maia et de Patrícia Melo, deux auteures brésiliennes de romans policier contemporains, dans un débat sur un genre littéraire traditionnellement considéré comme masculin.

    Le dossier présente en son dernier article, signé par Cristiane Checchia, une thématique inusitée, liée à l’hypercontemporain et à la littérature en devenir. La chercheuse présente une lecture inédite de l’ouvrage de l’écrivaine argentine et brésilienne Paloma Vidal. La tension créée par les déplacements et les déstabilisations linguistiques, dans l’ouvrage de Vidal analysée par Checchia, suggère une réflexion plus large sur le statut et la pratique des femmes écrivaines dans les mondes contemporains, où les frontières matérielles sont de plus en plus fermées et les limites identitaires et linguistiques particulièrement poreuses et confuses.

    Ce numéro 20 de Plural Pluriel offre également un document exceptionnel associé à l’étude de l’auctorialité féminine lusophone. Il s’agit de l’entretien mené par Iara Barroca avec la professeure Constância Lima Duarte, une des chercheuses de référence pour les études sur la littérature féminine et les féminismes au Brésil. Les réflexions magistrales de Duarte dialoguent idéalement avec les textes publiés dans ce numéro, présentant un état des lieux des études de genre en littérature et évoquant le long chemin d’affirmation des voix féminines dans l’espace public. Des voix que ce dossier espère contribuer à mieux comprendre et célébrer, dans ses expressions multiples.

    Finalement, dans la section consacrée aux recensions, Plural Pluriel fait connaître au public deux ouvrages fondamentaux récemment publiés au Brésil et en Italie : l’anthologie La Letteratura Portoghese. I testi e le idee, organisée par Roberto Vecchi et Vincenzo Russo, et le “livre-occupation” Explosão Feminista, dirigé par Heloísa Buarque de Hollanda, et tourné vers l'émergence volcanique de la quatrième vague féministe au Brésil depuis la crise politique débutée en 2013.

    Nous espérons, avec ce dossier inédit et diversifié, contribuer à l’élargissement du champ d’études transdisciplinaires sur les relations entre genre et littérature. L’étude spécifique des pays ici abordés - entre dictature, populisme et autoritarisme - outre la construction spécifique des champs littéraires lusophones, apporte ainsi un regard original sur la représentation littéraire du féminin, l’écriture des femmes et la circulation et la réception de leurs écrits dans un siècle d’affirmation et de questionnement constants. Plural Pluriel remercie ses lecteurs et les invite à contribuer, à leur tour, à l’enrichissement de notre réflexion par l’envoi de textes, articles ou documents, pour les numéros futurs.

    Giulia Manera
    Natália Guerellus

     

    Raísa França Bastos & Idelette Muzart – Fonseca dos Santos
    coordinatrice du numéro et directrice de la publication

  • Cultures du Timor-Oriental : processus d'objectification
    No 19 (2018)

    Ce nouveau numéro de Plural Pluriel, revue des cultures de langue portugaise – numéro 19, automne-hiver 2018 – est consacré au premier État proclamé durant le troisième millénaire, qui est également le plus jeune pays indépendant du monde lusophone, le Timor-Oriental. Pour notre revue, il s'agit d'une entreprise inédite, les articles du dossier ouvrant un espace interdisciplinaire où sont présentées non seulement des recherches réalisées par des spécialistes du Timor-Oriental, issus de diverses parties du monde, mais où résonnent également des voix de chercheurs timorais ainsi que celles de professeurs de langue portugaise au Timor-Oriental.

    Le dossier accueille une multiplicité de collaborations nouvelles qui configurent la complexité et la pluralité des perspectives, s'articulant sur le concept d'objectification. La pertinence de ce concept est bien explicitée dans le texte d'introduction du dossier, « Processos de objetificação da cultura em Timor-Leste: Aproximações », de Kelly Silva et de Daniel Borges. Ce texte invite à regarder la transversalité au coeur des questions traitées par les différents articles : les processus par lesquels des objets culturels prennent sens au sein des cultures, ou bien sont déplacés vers d'autres contextes par des entités exogènes, comme des ONGs et des organes d'État. L'objectification configure ces processus, où parfois des objets culturels, comme par exemple l'artisanat, sont déracinés de leurs contextes initiaux de production. Comme le soulignent les auteurs, l'on peut objectifier jusqu'à l'histoire et la littérature. Ils montrent également que, en raison de la récente indépendance politique du Timor-Oriental (2002), l'arrivée de plusieurs organes internationaux dans ce pays, pour y construire des institutions modernes, est à la source des objetifications de la culture timoraise les plus récentes, ce qui soutient la pertinence du concept pour comprendre le Timor-Oriental aujourd'hui.

    La première partie du dossier proprement dit est consacrée à ce que nous pourrions appeler les « Perspectives théoriques en langue portugaise et littérature au Timor-Oriental ». Le premier article, écrit par Alexandre Cohn da Silveira , « A língua portuguesa e o caleidoscópio linguístico de Timor-Leste », focalise les politiques linguistiques et propose un rapprochement critique entre le kaléidoscop linguistique du Timor-Oriental et le rôle de la langue portugaise dans le pays, soulignant les effets de l'imposition linguistique. Les trois articles suivants proposent des études exemplaires de phénomènes pertinents liés à la langue portugaise : partant de leurs expériences comme enseignantes, Susana Soares et Clara Amorim choisissent d'évoquer les problèmes récurrents de l’enseignement du portugais à l'Université, dans « Des influences de l’objectification de la langue portugaise sur la définition du profil des apprenants timorais à l’entrée de l’enseignement supérieur public », offrant en outre une étude détaillée du quotidien de l'apprentissage du portugais. L’article de Davi Albuquerque semble apporter un contrepoint sociolinguistique et multiculturel, avec « A interação intercultural em Timor-Leste: aspectos linguísticos e ecológicos », qui problématise la présence du multilinguisme dans les classes de langue portugaise. L'introduction de la langue portugaise est majoritairement un projet initié par le gouvernement et par des entités étrangères, qui finissent cependant par objectifier les langues et les cultures du pays au détriment de la lusophonie. Il peut arriver que la langue soit contre-objectifiée lorsque des traditions millénaires timoraises s'en approprient. C'est le cas mis en évidence par Karin Indart dans « Objetificação como sacralização: a Língua Portuguesa na cultura Leste-Timorense », où la langue portugaise est sacralisée par l'élite timoraise lorsque celle-ci devient un objet de vénération à travers le processus traditionnel de « faire quelque chose de lulik » (sacré). L'article de Suillan Miguez Gonzalez « Pensar rizomaticamente as relações literárias por Timor-Leste », ouvre de nouvelles possibilités d'analyse de la littérature timoraise, tirant profit du pouvoir rhizomatique du peuple du Timor pour penser le Réseau Littéraire de Timor au moyen des notions de circulation et de permanence de voix, jusque-là peu employées. Il s'agit essentiellement d'une (dés)organisation productive à travers l'analyse des relations littéraires.

    La seconde partie du dossier, entièrement consacrée à la relation entre Mémoire et Identité, propose un premier article de David Callahan, « Memória, apagamento e afecto: correntes ideológicas na literatura infantil não-ficcional sobre Timor-Leste », abordant également la littérature ; celui-ci attire notre attention sur l’effacement de l’histoire, à travers de l’élimination de certains thèmes dans les curricula scolaires, une volonté du pouvoir politique, à rebours de celle de la population. C'est en analysant la production de matériel pédagogique à destination des enfants y compris au Timor-Est que l'auteur montre une tendance à contrecarrer le désir de contrôler les récits nationaux. L'article suivant – « Literatura oral e identidade maubere na construção de discursos sobre a formação da nação timorense » de Vicente Paulino et de Daniel Borges, cherche à décrire deux éléments récurrents dans les discours sur la formation de la nation et la construction de l'identité à Timor-Leste: la littérature orale et l'identité maubere. « Timor-Leste, a guerra e as memórias delas », de Teresa Cunha constitue une importante analyse de récits de femmes timoraises au sujet des souffrances subies pendant la guerre d'occupation indonésienne au Timor-Leste entre 1975 et 1999.

    La troisième partie ouvre le dossier aux interconnexions de l'histoire du Timor-Oriental avec les « Pouvoir Coloniaux, Objectification et Histoire ». Lúcio Sousa, y évoque le rôle instrumental attribué aux bazares par les autorités coloniales au Timor Portugais avec « O bazar colonial no Timor Português: a submissão dos “comerciantes selvagens” ». Considérant la période qui s'étend de la fin du XIXe siècle jusqu'à 1930, l'auteur analyse l'usage du basar comme un moyen actif de contrôler les structures de pouvoir autochtones et de normaliser la mobilité des populations. Frédéric Durand se consacre ensuite à la quête de la présence de femmes à la tête de royaumes, phénomène attesté à Timor au milieu du XVIIe siècle et au cours du XIXe siècle. Avec « Autorité royale et pouvoir féminin traditionnels dans l’île de Timor », il se demande si cette présence constitue un phénomène local ou bien induit par la présence européenne, et si l’apparente absence de souveraines en dehors de ces périodes serait le résultat de « cycles » ou résulterait plutôt de lacunes dans la documentation disponible. Le dernier article du dossier, « Le Timor à feu et à sang (1941-1945) », est une fine actualisation de l'Histoire du Timor-Oriental pendant la Deuxième Guerre mondiale. Flávio Borda D’Água met en lumière les quelques démarches entreprises pour résoudre la question de la bataille de Timor tant d’un point de vue diplomatique que du point de vue local par les actions du gouverneur portugais à Timor de l’époque, Manuel de Abreu Ferreira de Carvalho.

    La section de la revue réservée aux DOCUMENTS offre au lecteur un essai photographique de Keu Apoema, chercheuse, photographe et conteuse d'histoires traditionnelles, intitulé « Do Adat à Igreja: A anterioridade e a autoridade ritual da casa sagrada », inspiré de ses voyages au Timor-Leste à la recherche des conteurs traditionnels. Le deuxième document est une interview des conteuses du groupe timorais Haktuir ai-knanoik, où il est possible de trouver l'interview écrite ainsi qu'un document audio contenant la narration d'un récit traditionnel timorais en trois langues : tétum, portugais et fataluco.

    Enfin, la dernière partie du numéro est traditionnellement consacrée aux RECENSIONS. On peut y trouver deux comptes-rendus, par Daniel Batista Lima Borges, des livres : (1) Coletânea de textos « Histórias da minha origem: Aiknanoik Ha'u Nia Hun » publié en 2018, au Timor-Oriental, et organisé par Márcia Cavalcante et Maria da Cunha; (2) Roman « Para onde vão os gatos quando morrem? », de l'écrivain timorais Luís Cardoso, publié en 2018.

    C'est ainsi un dossier aussi théorique qu'exotique, fondé sur une connaissance précise et empirique de ce territoire qui, peut-être plus que tout autre pays lusophone, reste encore à découvrir.

    Daniel Batista Lima Borges
    Kelly Silva
    Idelette Muzart-Fonseca dos Santos

  • Polyphonies Littéraires
    No 18 (2018)

    Le 18e numéro de PLURAL PLURIEL, revue des cultures de langue portugaise, se présente comme un second volet des POLYPHONIES, inaugurées avec le numéro 17 « voix et récits ». La couverture choisie pour ce numéro 18, due à Daniella Carneiro Libânio de Almada (photographie et design), comme l’était celle du numéro précédent, souligne la proximité de ces deux polyphonies et rend un subtil hommage à l’exposition Avoenga : herança-heráldica, de l’artiste Manuel Dantas Suassuna, visible tout récemment encore au Brasil (Museu Cais do Sertão, Recife).

    Le nom du dossier réaffirme la proximité et la différence : Polyphonies Littéraires regroupe en effet des contributions originales de chercheurs sur les littératures de langue portugaise, ouvrant autant que possible la chronologie des œuvres analysées – depuis les ibériques et médiévales Cantigas de Santa Maria jusqu’aux écritures et thématiques du XXIe siècle – et la diversité des contributeurs, puisqu’au sommaire de cette édition figure le nom de Ângela Vaz Leão, doyenne des études médiévales au Brésil et professeur émérite de l’Université Fédérale du Minas Gerais, en confrontant une lecture du sacré, O leite de Santa Maria, à la réflexion proposée par Raísa França Bastos, doctorante à l’Université de Paris-Nanterre, avec la résurgence de l’histoire de Robert le Diable, dans la littérature de cordel brésilienne.

    Le voyage, récit et transfert culturel, permet aussi à Charles Roberto Silva d’évoquer Émile Adet et son rôle de passeur entre France et Brésil, au XIXe siècle.

    Les quatre contributions suivantes se consacrent à quelques-uns des grands noms qui marquent la littérature brésilienne du XXe siècle, en déployant des lectures originales et érudites des chefs-d’œuvre de João Guimarães Rosa (Tereza Virgínia Ribeiro Barbosa), Clarice Lispector et Hilda Hist (Mirella Márcia Longo Vieira Lima), Ariano Suassuna (Daniella Carneiro Libânio de Almada) et Chico Buarque (Ana Maria Clark Peres).

    Deux articles proposent des lectures privilégiant l’écho ou la confrontation des concepts et des représentations afin d’approfondir les effets de contraste entre Graciliano Ramos et Ariano Suassuna (Heurisgleides Sousa Teixeira, Hélio Alexandre da Silva) ou Conceição Evaristo et Ana Maria Gonçalves (Fernando Matias).

    Enfin, Lívia Ribeiro Bertges et Vinicius Carvalho Pereira, analysant le lien entre poésie et image, chez Arnaldo Antunes, ou Eduardo Rosal, avec l’évocation de Murilo Mendes, ouvrent ces polyphonies littéraires par des liens intermédiatiques avec le monde de l’art.

    La partie TEXTES ET DOCUMENTS, que notre revue propose à ses lecteurs, est ici hypercontemporaine, grâce à l’entretien que Daniel Batista Lima Borges et Laura Maver Borges ont réalisé tout récemment (mai 2018) avec l’écrivain brésilien Julián Fuks.

    Enfin, Plural Pluriel n°18 s’enrichit de COMPTES-RENDUS de nos collaborateurs habituels et/ou membres de l’Equipe éditoriale, qui partagent leurs découvertes enthousiastes de lecteurs de Julián Fuks, Raísa França Bastos, Luzimar Gouvêa et de l’anthologie de la poésie érotique brésilienne, organisée par Eliane Robert Moraes. Qu’ils en soient tous remerciés.

    Encore une fois, l’Equipe éditoriale a réalisé un magnifique travail de sélection, de réflexion et d’éditoration (avec la participation attentive de Renata Leahy et Rico Soares) et nous saluons, avec joie, le dévouement et la compétence des doctorants et chercheurs qui accompagnent depuis plusieurs années le développement et le renouvellement permanent de notre PLURAL PLURIEL, pour le plaisir de nos lecteurs et la diffusion des cultures de langue portugaise.

    La préparation de ce numéro 18 a été marquée par la tristesse et la perte, avec le décès en août 2018 de notre collègue et amie, Sônia Maria van Dijck Lima. Professeure retraitée de l’Université Fédérale de Paraíba, Sônia fut également professeure visitante de Littérature brésilienne à l’Université Paris-Nanterre. Elle a participé, dès son premier numéro, à l’Equipe éditoriale de notre revue avec des articles (consacrés à Hermilo Borba Filho entres autres), la préparation et direction d’un numéro double (consacré à João Guimarães Rosa), et un ensemble de poèmes articulant le mot et la photographie. Collaboratrice discrète, elle était l’une de nos « lecteurs scientifiques » qui donnent, à chaque numéro, la caution précieuse de la relecture attentive et critique de chaque article. Elle fit de son site <http://www.soniavandijck.com/> un « espace consacré à la littérature ».

    Abismos
    o tempo não conhece pontes
    constrói ausências

     

    Idelette Muzart – Fonseca dos Santos
    Directrice de la publication et responsable de ce numéro

  • Polyphonie : voix et recits
    No 17 (2017)

    PLURAL PLURIEL, revue des cultures de langue portugaise, organise ses publications autour de dossiers thématiques et non thématiques. Ces derniers sont constitués à partir des contributions variées de chercheurs ou enseignants-chercheurs du domaine lusophone (langue, littérature, culture) répartis dans tout le monde et qui ont bien voulu diffuser leurs recherches en France. C’est le cas de ce numéro 17, automne-hiver 2017, intitulé «Polyphonie : voix et récits».

    Les articles qui s’ensuivent reflètent les intérêts qui sont ceux de la revue et de ses lecteurs: oralités, cultures traditionnelles et contemporanéité, langue et littératures de langue portugaise.

    Une première partie du numéro 17 regroupe des textes consacrés aux manifestations culturelles orales et traditionnelles, selon des approches et lectures diverses pour élucider leur signification historique et leur permanence dans la société contemporaine. Ainsi Suzi Frankl Sperber propose une analyse exemplaire de la fête brésilienne du Cavalo Marinho, alors que Daniel Batista Lima Borges met ses pas dans ceux de Antonio Cândido pour vérifier les transformations de la vie rurale et urbaine de la Paulistânia, dans les voix et les répertoires de ses conteurs d’histoires. Renata Costa Leahy, quant à elle, interroge la mémoire longue de l’esclavage avec les héritières des ganhadeiras de Bahia et une redécouverte par le spectacle de leur identité de femmes, alors que Matheus Schimith questionne les pouvoirs établis dans l’espace traditionnel de la capoeira et l’affirmation difficile d’une pluralité nouvelle. Enfin, la littérature de cordel suscite la curiosité de Jorge Henrique da Silva Romero qui y lit la saga du cangaceiro, entre le mythe et le réalisme créaturel de Erich Auerbach. Si la voix est omniprésente dans le travail de Ricardo de Araujo Soares et João Pedro Prado Mercês Lázaro, elle crée de nouvelles traditions et envahit, avec le football, de nouveaux territoires, du terrain de sport, à la radio, à la télévision et au jeu vidéo.

    Deux textes analysent plus particulièrement le lien entre les manifestations traditionnelles et l’art contemporain : Etevaldo Santos Cruz explore les significations des créations brodées et la personnalité de Artur Bispo do Rosário, alors que Daniella Libânio de Almada révèle, avec les fers à marquer les animaux, la dimension ancestrale et identitaire de l’œuvre artistique de Ariano Suassuna et de Manuel Dantas.

    Deux chercheuses en linguistique proposent des réflexions nées de la recherche de terrain autour de l’enseignement de la langue portugaise : Ingrid Bueno Peruchi focalise l’expérience des enseignantes portugaises et brésiliennes en France dans leur pratique d’enseignement d’une langue «moteur de l’identité», alors que Deise Moraes réfléchit à l’apprentissage de l’écrit, fondé sur la notion de travail et les approches de la critique textuelle.

    La section de la revue réservée aux DOCUMENTS offre au lecteur un essai de Thales Branche Paes de Mendonça, chercheur et artiste de la scène, intitulé Pequeno manual de como fazer uma seresta, ou elementos para a definição de uma seresta ideal-típica, inspiré des réflexions fondatrices de Paul Zumthor et hommage à Armindo Jorge Bião, auquel il emprunte le concept de «idéal-typique».

    Enfin, deux recensions de livres récemment publiés au Brésil par Ana Maria Clark Peres (Chico Buarque : recortes e passagens) et Marcos Antônio Alexandre (O Teatro Negro em Perspectiva : dramaturgia e cena negra no Brasil e em Cuba) sont proposées par Roniere Menezes et Eduardo de Assis Duarte.

    Le design de couverture et la photographie (détail de fers avec les initiales de Manuel Dantas Villar Suassuna) de ce numéro 17 sont dus à Daniella Libânio de Almada. Le type original de la composition du titre est la typographie Armorial, créée par Ricardo Gouveia de Melo et Giovana Caldas.

    L’équipe éditoriale de la revue a pleinement joué son rôle dans la préparation et la publication de ce numéro, sous la direction de Ingrid Bueno Peruchi et Daniella Libânio de Almada, avec l’aide et la contribution technique de plusieurs de ses membres – Daniel Batista Lima BorgesRaisa França Bastos, Renata Costa Leahy et Ricardo de Araujo Soares.

    Nous remercions Mme Idelette Muzart – Fonseca dos Santos, directrice de la publication, pour son appui, ses conseils et l’aide apportée au long de la préparation éditoriale de ce numéro.

    Nous invitons les chercheurs à continuer à adresser de nouvelles propositions d’articles ou de recensions à la revue.

     

    Ingrid Bueno Peruchi et Daniella Libânio de Almada
    Mars 2018

  • Les mains intelligentes de Ana Hatherly
    No 16 (2017)

    Le dossier du numéro 16 de la revue Plural Pluriel est consacré à l’œuvre polyédrique de l’artiste portugaise Ana Hatherly (1929-2015). Poète, auteur de fiction, peintre, essayiste, cinéaste, professeur des universités, Ana Hatherly a commencé son activité littéraire et artistique à la fin des années 50. Son travail a comme point de départ une scission intérieure, non comme un Moi séparé, mais comme «une autre partie du Moi» : «c’est la main intelligente à transmettre ce processus».

    Les articles du dossier tracent, analysent et problématisent l’histoire de la poésie d’avant-garde et expérimentale, et le rôle de Ana Hatherly dans ces mouvements. C’est le cas de Fernando Martinho qui, dans «Caminhos da modernidade na poesia de Ana Hatherly», étudie le parcours poétique de l’auteure dans la perspective de son inclusion dans la tradition moderniste portugaise. Cependant le parcours de Ana Hatherly ne se limite pas à ce mouvement ; elle exploite et prolonge l’éclat du Baroque, avec des études pionnières sur ce mouvement dans la Péninsule ibérique, et l’utilisation de techniques baroques du langage dans son œuvre, comme le montrent les trois articles suivants. Isabel Almeida, dans «Le baroque chez Ana Hatherly», montre comment l’auteure valorise la poésie visuelle, le ludus riche de prodiges et défis, et établit un intime rapport entre poesia et pictura. Pedro Sena-Lino et António Carlos Cortez travaillent le baroque du point de vue de deux ouvrages particuliers : «Anagramático» et «A experiência do prodígio». Ces deux derniers articles analysent certaines tendances du courant baroque qui trouvent un écho fondamental chez Ana Hatherly – la défragmentation et la pensée hermétique.

    Le rapport avec les autres arts – littérature, arts visuels et plastiques, musique, cinéma et performance – constitue un autre noyau de ce dossier. Catherine Dumas, dans «Le sujet féminin et ses métamorphoses chez l’artiste Ana Hatherly», propose une analyse de l’œuvre visuelle et fictionnelle qui déstabilise les identités figées, et en particulier celle du sujet féminin par le fantasme pulsionnel de l’androgynie. La liaison avec la musique est mise en évidence par Ana Paixão avec «La tessiture du temps. La musique des textes de Ana Hatherly». Les notions de frontière entre la musique et la littérature sont effacées dans l’œuvre de l’auteure, qui remet en question les différentes conceptions de temps, sous-jacentes aux deux arts. Gilda Santos, de son côté, dans son article «De la texture de l’énigme : quelques fils à défi(l)er Le toucher de Ana Hatherly», porte son attention sur le dialogue ekphrastique avec la tapisserie médiévale de l'ensemble «La Dame à la licorne», où l'acte de tissage et de l'écriture deviennent équivalents. João Silvério, avec «Ana Hatherly : une géographie anagrammatique», présente quelques dessins et objets sculpturaux appartenant à la collection de la FLAD, et établit un rapport avec certaines œuvres poétiques et performatives de l’auteure. La production cinématographique hatherlyenne est étudiée par Luís Alves de Matos, dans «Vestígios do 25 de abril nos filmes de Ana Hatherly». Se consacrant aux films Revolução de 1975 et Rotura de 1977, il crée un dialogue entre production filmique et poétique. Quant à Sandra Guerreiro Dias, dans «Poesia e corpo, em Ana Hatherly», elle analyse la centralité du corps dans l’univers artistique et théorique de l’auteure, en s’appuyant sur la relation structurante entre le corps et le langage.

    La pensée, avec les approches philosophiques occidentales et orientales, la psychanalyse, l’anthropologie ou l’histoire de la culture, parcourt transversalement l’œuvre de Ana Hatherly. Ana Marques Gastão met ces aspects primordiaux en relief dans les deux articles «O Mestre : uma novela filosófica» et «As Tisanas de Ana Hatherly – auto-retrato de um samurai ocidental». O Mestre est analysé comme roman expérimental, l’associant au monde des représentations religieuses, et exposant une inclinaison exotique pour les nombres et les lettres. L’œuvre prend une méfiance de la langue comme mode de représenter la réalité, adopte des expressions ésotériques d'avant-garde et se concentre sur le désir, le pouvoir, l’incommunicabilité et l'impossibilité. Les 463 Tisanas sont étudiées du point de vue de leur nature énigmatique, de l'Expérimentalisme, de la Psychanalyse, du Structuralisme et du Bouddhisme Zen.

    Considérant la richesse et la qualité des matériaux disponibles sur l’œuvre de Ana Hatherly, thème de ce dossier, des espaces habituellement ‘hors thème’ ont été mis à disposition des directeurs de ce numéro. Ainsi la section «Documents» reprend trois : un témoignage de Ana Marques Gastão, intitulé «Ana Hatherly : la solitude qui rit» ; un entretien de Pedro Sena Lino «Hatherliana : étayer la résurrection. Entretien avec Ana Hatherly» ; et une bio-bibliographie établie par Ana Paixão et José Manuel da Costa Esteves.

    De même, la section réservée aux comptes-rendus reprend des textes déjà publiés et consacrés à l’œuvre de Ana Hatherly : ainsi sont présentés à la fin de ce numéro : (1) Ana Paixão, Ana Hatherly, L’invention de l’écriture ; (2) Ana Marques Gastão, Le roi de Pierre ; (3) Anabela Galhardo Couto, Ana Hatherly, Esperança e Desejo. Aspectos do pensamento utópico barroco (inédita).

    Ce numéro n’aurait pu voir le jour sans quelques contributions fondamentales. Nous remercions : la FLAD (Fondation luso-américaine pour le développement), et plus particulièrement João Silvério, qui a gracieusement cédé les droits de toutes les images, notamment celle utilisée pour la couverture de ce numéro (Gravure de Ana Hatherly: catalogue de la FLAD - numéro 415, 13,2 x 8,9 cm); le journal Público, qui a permis de publier l’entretien conduit par Pedro Sena-Lino «Hatherliana : étayer la résurrection» ; Nuno Júdice, directeur de la revue Colóquio/Letras, pour l'autorisation de la publication en français de la recension de Ana paixão au livre de Ana Hathetly, «L’invention de l’écriture» ; Catherine Dumas pour les multiples et excellentes traductions ; Ana Marques Gastão, qui a proposé l’organisation du colloque international Le Labyrinthe. La chasse de l’improbable et l’œuvre de Ana Hatherly en 2013, qui conduisit à la publication de ce dossier dans Plural Pluriel, revue des cultures de langue portugaise, mais aussi pour son dynamisme et son appui indéfectible dans toutes les phases du projet, pour son rôle de médiatrice et sa connaissance de l’œuvre et de l’auteure.

    L’équipe éditoriale de Plural Pluriel a joué un rôle tout particulier dans la préparation et la publication de ce numéro par la qualité du travail des nouveaux éditeurs et graphistes. Daniel Borges, Raisa França Bastos, Daniella Almada, Renata Leahy et Ricardo Soares ont formé une équipe dynamique et créative.

    Avec cette publication, nous espérons pouvoir contribuer à la projection internationale de l’une des œuvres les plus originales du XXe siècle portugais, celle de Ana Hatherly.

    Ana Paixão et José Manuel Esteves
    Idelette Muzart - Fonseca dos Santos

  • Religion et Arts
    No 15 (2016)

    Editorial

    Ce nouveau numéro de Plural Pluriel, revue des cultures de langue portugaise, numéro 15, automne-hiver 2016, est consacré à un champ de recherches actuellement appelé « Religion et Art ». Ce dossier accueille une multiplicité de collaborations inédites, qui configurent la complexité et la pluralité des perspectives, religieuses aussi bien qu’artistiques, qu’établissent entre elles des formes distinctes d’interconnexion. Cette transversalité est au coeur des questions traitées dans les différents articles.

    La première partie du dossier est consacrée à ce que nous pourrions appeler Perspectives théoriques et rapprochements entre religion et art. Le texte d’ouverture de cette section, écrit par Eli Brandão da Silva, « Literatura e religião tecidas na metáfora », invite à regarder le texte écrit comme espace de rencontre entre la religion et l’art littéraire, sans y associer pour autant une sémantisation restrictive du terme « théopoétique » [teopoética], proposé par Waldecy Tenório dans le livre intitulé « A bailadora Andaluza : a explosão do sagrado na poesia de João Cabral de Melo Neto » (1996), qui semble proche d’assumer – ailleurs et dans ce numéro même - les contours d’une méthodologie nouvelle, voire d’un nouveau champ des études poétiques. Les deux articles suivants proposent des études exemplaires et apparemment aux antipodes chronologiques : Jean-René Valette choisit d’évoquer les résonnances des textes bibliques dans la littérature médiévale, avec « A Bíblia e o Graal : semelhanças e dissemelhanças », qui offre en outre un panorama riche et actualisé de la bibliographie française sur ce thème. L’étude de Suzi Frankl Sperber semble lui apporter un contrepoint historique et philosophique, avec ses « Cenas em torno do “capitalismo como religião”, de Walter Benjamin », qui problématise la présence du sacré dans des pièces de théâtre relevant de l’hypercontemporanéité.

    La seconde partie du dossier, entièrement consacrée à la relation Littérature et Religion, propose un premier article de Douglas Rodrigues da Conceição, « Aspectos religiosos na obra de Machado de Assis » qui attire notre attention sur l’usage esthétique que l’écrivain brésilien, trop hâtivement enfermé dans un athéisme invétéré, fait de la religion dans la construction de son oeuvre. Les deux articles suivants – « Reflexões em torno do diálogo religião e literatura na ficção de Bernardo Carvalho » de Paulo César S. Oliveira, et « Nas pegadas de Dante : aspectos d’A Divina Paródia, de Álvaro Cardoso Gomes, em diálogo com A Divina Comédia », de Raphael Novaresi Leopoldo - cherchent à impliquer la présence de la religion dans les oeuvres d’auteurs brésiliens du XXIe siècle.

    La troisième partie ouvre le dossier aux interconnexions de la religion avec les arts du corps – danse et performance -, les arts visuels et plastiques avec Art, Danse et Religion. Miguel Santa Brigida, dans son évocation croisée du samba de la ville de Rio de Janeiro et du candomblé et aussi de l’umbanda, avec « A dança brasileira riscada no chão : a grafia sagrada do samba », comme Caroline Fantinel, qui étudie « Le Lavage du Bonfim à Salvador, Bahia : répression et résistance » nous convient à pénétrer dans les traditions culturelles et religieuses brésiliennes, notamment afro-brésiliennes. Dans la séquence, Etienne Alfred Higuet et Everardo Ramos se consacrent à l’analyse des images, respectivamente, les toiles du Chemin de croix de Pampulha, par Cândido Portinari - « Interpretação de imagens religiosas : a Via Sacra de Pampulha de Cândido Portinari » – et les sculptures sur bois de Xico Santeiro, ‘imagier’ du Rio Grande du Nord, avec « Xico Santeiro : de l’art de culte populaire au culte de l’art populaire ». Ce dernier article du dossier prend une dimension exceptionnelle avec la proposition d’une ‘extension’ dans la partie Textes et Documents de Plural Pluriel.

    Chaque numéro de la revue comporte en effet, outre le dossier thématique qui structure le numéro et lui confère son identité, une partie Textes et Documents qui a pour vocation de présenter des documents originaux, créés pour ce numéro et non nécessairement liés au thème du numéro.

    Le numéro 15 a choisi d’affirmer son originalité en présentant deux documents distincts et liés à la thématique du dossier: - d’une part une belle Galerie d’art : Exposition Xico Santeiro, organisée avec compétence par Everardo Ramos, en collaboration avec Helena Rugai et Alexandre Santos, qui présente un portrait remarquable de l’oeuvre plastique de Xico Santeiro, imagier et sculpteur. On recommande la lecture en parallèle de l’article d’Everardo Ramos. - d’autre part, un second document créé autour de l’entrevue donnée par Idelette Muzart-Fonseca dos Santos au directeur scientifique de ce numéro 15, Douglas Rodrigues da Conceição, document relu et enrichi de citations ébauchées pendant l’entrevue, ainsi que par les photographies de Alexandre Nóbrega, publiées avec l’autorisation des ‘héritiers de Ariano Suassuna’. Le texte qui résulte de ce dialogue Ariano Suassuna : o homem, a literatura, a religião est un hommage au très grand écrivain brésilien, disparu en 2014, de la part de celle qui a consacré plusieurs décennies de recherches et de publications à l’étude de ses oeuvres, tissant ainsi des liens d’amitié et d’admiration.

    Enfin, la dernière partie du numéro est traditionnellement consacrée aux Recensions. On peut y trouver deux comptes-rendus, par Daniel Batista Lima Borges, des livres : (1) Patrimónios de Influência Portuguesa: modos de olhar, publié en 2015, à Coimbra, et organisé par Walter Rossa et Margarida Calafate Ribeiro; (2) Presença do sagrado na literatura. Questions théoriques et herméneutiques, publié en 2011, à Campinas, et organisé par Suzi Frankl Sperber.

    La couverture du numéro 15 est une brillante création de Daniella Libânio Almada, designer et membre de l’équipe éditoriale de Plural Pluriel, à partir d’un ensemble de photographies légendées comme suit : 1: Détail d’un chapelet de doigt ; 2 : Rubans de la fête du Bonfim, Bahia ; 3 : Sculpture de Saint Georges (artiste populaire) ; 4 : Cauris de divination ; 5 : Ex-voto ; 6 : Détail d’une colombe (sculpture artiste populaire) ; 7 : Détail d’un trident d’Exu (artiste populaire) ; 8 : Détail d’un crucifix ; 9 : Détail d’une sculpture de Iemanjá (artiste populaire). Toutes ces images et photos appartiennent à la banque d’images de Plural Pluriel, 2016.

    L’équipe de Plural Pluriel est heureuse de voir « naître », sous de si beaux auspices, un 15e numéro, alors que quelques heures à peine nous séparent de Noël 2016.

    Nous vous remercions de votre lecture et invitons les chercheurs à adresser de nouvelles propositions de communications à la revue.

    Douglas Rodrigues da Conceição;
    Idelette Muzart-Fonseca dos Santos

    Collaborations année 2016

  • Discours, langages, spectacles
    No 14 (2016)

    Ce numéro de la revue discute l'espace théâtral, les textes et les spectacles comme des discours ou des langages qui peuvent être déchiffrés par la sémiologie, par la phénoménologie ou par l'herméneutique. Ces articles inédits contribuent par des réflexions théoriques et méthodologiques sur des études de cas du théâtre moderne et contemporain mis en scène au Brésil.

    Les auteurs sont des enseignant-chercheurs qui travaillent sur la culture et le théâtre au Brésil, en France et au Portugal, selon différents discours. D’abord, l’article de Graça dos Santos sur l’espace-temps du théâtre portugais aux XXe et XXIe siècles. Après avoir questionné l’essence et le rôle (l’utilité) du théâtre, elle examine une nouvelle approche de l’écriture dramatique de Miguel Torga au Portugal dite post-dictatoriale. L’article de Evelyn F.W. Lima et Francisco Leocádio analyse un espace alternatif pour abriter une pièce d'Ariano Suassuna (décédé en 2014), et montre comment la vitalité de cet espace théâtral « trouvé » a été renforcée par le succès de la pièce Farsa da Boa Preguiça (Farce de la Bonne Paresse) dirigée par Elza de Andrade.

    Ensuite, l’article de Katia Paranhos étudie le thème de l’engagement politique, d’une façon générale et le profil de quelques personnages qui interviennent de façon critique sur la sphère publique, comme des figures politiques, en y apportant non seulement la transgression de l’ordre et la critique de la réalité existante, mais aussi la critique de leur mode d’ insertion dans le mode de production capitaliste et, par conséquent, la critique de la forme et du contenu de leur propre activité, tandis que l’article de André Carreira examine le discours du « théâtre de rue » et du « théâtre dans la rue » et ses implications avec l’ art populaire. Isabel Bezelga et Ramon Aguiar observent l’utilisation des espaces communautaires comme locus pour l’action théâtrale dans des contextes spécifiques à partir de la phénoménologie, soit au Portugal, soit au Brésil. Puis, Ana Carolina Paiva examine certains caractères dans la dramaturgie du poète et ingénieur Joaquim Cardozo, qui présentent souvent des ambigüités. 

    Claudio Guilarduci et Mauro Baptista nous présentent une réflexion sur la scène expérimentale de A aura benjaminiana ou a morte dos vagalumes représenté par le groupe de recherche Ambulatório à São João del Rei, en même temps que Walter Lima Torres étudie la nature et l'histoire de la publication de programmes de spectacle, identifiant la présence de quatre emphases dans les discours de ces publications de théâtre. Elizabeth Jacob et Niuxa Drago proposent une comparaison entre deux lectures visuelles de La Reine Morte par deux scénographes de la modernité brésilienne, tandis que l’article de Liliane Mundim analyse le travail des pratiques de performances qui occupent l’espace de la rue, développées par le Collectif Cantareira dans la communauté de l’Île de Paquetá, Rio de Janeiro, spécifiquement pour la production intitulée Auto de São Roque, et celui de Gessé Almeida examine les outils de la mise en scène contemporaine dans la constitution de ses discours spectaculaires en ayant comme arrière-plan l'analyse de deux mises en scène du dramaturge Plínio Marcos (Barrela et Navalha na carne) qui ont eu lieu à Salvador de Bahia, Brésil.

    Enfin, Joana Lavallé interviewe le dramaturge Luis Paulo Correa Castro du groupe de théâtre de « Nós do Morro » de la Communauté du Vidigal à Rio de Janeiro.

    On espère que ce numéro de la revue Plural Pluriel pourra contribuer à révéler les discours et les langages des spectacles sélectionnés par les différents auteurs.

    Evelyn Furquim Werneck Lima
    Éditrice scientifique du numéro 14

     

  • Éditions Précédentes
    No 1-13

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